Les meilleurs albums de 2023 – Jazz / World / Instrumental et autres langues

François Valenti 24 décembre 2023 Actualités, Critiques, Décomptes

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TOP 20 – Jazz / World / Instrumental et autres langues

On mélange aujourd’hui plusieurs catégories dans un Top 20 qui comprend différents styles musicaux, dont le jazz, le funk, l’instrumental et la musique du monde qu’on nomme dorénavant musique « globale ». De belles découvertes cette année, avec entre autres, Altın Gün, Alexandra Stréliski, Elisapie, Jaimie Branch, Yussef Dayes, Kassa Overall, Acid Arab, TEKE::TEKE, Tinariwen, Go Go Penguin, Roeland Celis Ping O.D., Sofiane Pamart, London Brew, Arooj Aftab, Vijay Iyer & Shahzad Ismaily, Resavoir, Irreversible Entanglements et plus!

Des albums de qui ont tous proposé des œuvres remarquables qui impressionnent par leur qualité. Évidemment, beaucoup de diversité dans cette liste, mais c’est souvent ce que recherche l’auditeur qui apprécie ces courants musicaux.

Voici donc plus bas le TOP 20 – Jazz / World / Intrumental et autres langues…

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#1 – Altin Gün – Ask

Origine : Pays-Bas

Genre : Indie rock / Néo-Psychedélique / Musique traditionnelle turque

Sortie : 31 mars

On aime : Les voix séduisantes et captivantes, les pièces toujours aussi hypnotiques, les lignes de basse groovy et ce mélange parfait entre rock psychédélique et musique anatolienne vintage. Originaire d’Amsterdam mais venant d’horizons divers (turc, néerlandais et plus), Altın Gün a capturé l’imagination du monde avec sa fusion indélébile de rock psychédélique, de deep funk, de synthpop, de reggae cosmique, et plus encore avec les traditions riches et incroyablement diverses de l’Anatolie et la musique folklorique turque. À l’avant-scène du son Altın Gün se trouvent les chanteurs et multi-instrumentistes Merve Daşdemir et Erdinç Ecevit, dont chacun apporte une gamme d’émotions et un charisme au répertoire varié du collectif. Le groupe a attiré l’attention du monde entier avec son premier album « On » paru en 2018, et a rapidement remporté une prestigieuse nomination aux GRAMMY® Award pour le « Meilleur album mondial » avec son deuxième album « Gece » en 2019. Aşk voit Altın Gün s’éloigner du son électronique et saturé de synthétiseur de leurs albums de 2021 « Âlem et Yol » qu’on avait adoré (lire la critique de Yol), pour capturer toute la puissance contagieuse et l’urgence des performances live du célèbre groupe. Enregistrés à l’aide d’équipements et de techniques vintage, les dix morceaux de l’album représentent tous de nouvelles lectures visionnaires de mélodies folkloriques traditionnelles turques, révélant à quel point ces chansons anciennes restent éternellement résonnantes et mûres pour une réinterprétation. À la suite des récents tremblements de terre qui ont fait des dizaines de milliers de morts en février dernier, l’évocation de la diaspora turque dans l’album revêt une nouvelle signification, rappelant l’importance de la performance dans le maintien de la mémoire culturelle et ça, nul doute que formation le fait très bien. On les aime vraiment!

Top titres : Leylim Ley, Rakiya Su Katamam, Doktor Civanim, Badi Sabah Olmadan…

Recommandé si vous appréciez : Mdou Moctar, Gorillaz, Allah-Las, Tame Impala, Dungen, Tinariwen, The Cars, Goat et la musique turque évidemment!…

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#2 – Elisapie – Inuktitut

Origine : Canada

Genre : Folk

Sortie : 15 septembre

On aime : Le calme qui se dégage dans les pièces, la voix douce et émotive, les arrangements limpides et éthérés, les sonorités folk englobantes, le travail de création derrière la réinterprétation de ces grands classiques et le tour de force d’avoir pu libérer les droits d’auteurs de ces classiques de la musique. Cinq ans après The Ballad of the Runaway Girl, la chanteuse Elisapie nous propose son quatrième effort solo intitulé Inuktitut. Il s’agit d’un album de reprises dont l’idée a germée dans la tête de l’artiste à l’hiver 2021, alors que des chansons – de Led Zeppelin, Pink Floyd, Blondie, Fleetwood Mac, Metallica, Queen, Cyndi Lauper et plusieurs autres artistes qui ont un jour résonné aux confins du Grand Nord québécois – ont déclenché une crise de larmes. À travers ces 10 reprises de classiques du rock et de la pop des années 60 à 90, qu’elle a traduites et interprétées en Inuktitut, Elisapie réinvente la poésie de ces chansons grâce à la sonorité brute de cette langue millénaire, leur octroyant un caractère unique et profondément personnel. Véritable liste de lecture d’une autobiographie émotive, chaque titre est adressé à un proche ou lié à un récit intime qui a façonné la personne qu’elle est aujourd’hui. Par cet acte de réappropriation culturelle, l’autrice-compositrice-interprète inuk raconte son histoire, offre ces chansons en cadeau à sa communauté, et fait résonner sa langue et sa culture au-delà du territoire des Inuit. Toujours entourée des meilleur.e.s musicien.ne.s des scènes indie et folk montréalaises, elle fait résonner la culture inuit avec finesse en conjuguant modernité et tradition. Entre les passages un peu plus lumineux et les moments plus émotifs, Elisapie joue entre la vulnérabilité et l’aplomb dans une succession de pièces imagées, intemporelles et chaleureuses. Une grande réussite sur toute la ligne!

Top titres : Isumagijunnaitaungituq (The Unforgiven), Taimangalimaaq (Time After Time), Uummati Attanarsimat (Heart of Glass), Sinnatuumait (Dreams)…

Recommandé si vous appréciez : Jeremy Dutcher, Beyries, Helena Deland, Basia Bulat, Patrick Watson, Tire le coyote et le albums de reprises…

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#3 – Jaimie Branch – Fly or Die Fly or Die Fly or Die ((world war))

Origine : États-Unis

Genre : Jazz

Sortie : 25 août

Jaimie Branch – Fly or Die Fly or Die Fly or Die ((world war))

On aime : Les pièces joyeuses parfois planantes souvent festives, la saveur free-jazz, le chant et les cris de Jaimie qui parfois se transforment en hurlements de loup sur des morceaux, le jeu de trompettre inventif de Branch qui est souvent de mèche avec le trombone, la flûte et la clarinette, les rythmes envoûtants de batterie, le fascinant mélange d’influences qui marient le jazz spirituel, les sons contemporains du rave-jazz de protestation, le folk, le funk avec des accents d’afrobeat et la superbe pochette de l’album d’une artiste qui avait l’habitude de nous présenter des magnifiques couvertures depuis ses débuts. La talentueuse musicienne de jazz expérimental Jaimie Branch est décédée subitement d’une overdose accidentelle à 39 ans en août 2022, et avant son décès, elle et son groupe Fly Or Die avaient presque entièrement terminé leur troisième album ensemble, Fly or Die Fly or Die Fly or Die ((world war)). Depuis son décès, ses camarades du groupe Lester St. Louis (violoncelle), Jason Ajemian (basse) et Chad Taylor (batterie), ont apporté la touche finale à l’album, lancé le 25 août, pour honorer le premier anniversaire du décès de Jamie. Le résultat est le plus bel album de jazz sorti en 2023. Il explose de bonne musique, d’amour, de passion, de liberté et de joie. Jaimie Branch était profondément convaincue que la musique change le monde au niveau cellulaire et l’ambiance à la fois festive, introvertie et extérieurement furieuse de ses enregistrements nous font comprendre qu’il est possible de changer le monde avec la musique!

Top titres : Borealis Dancing, Baba Louis, Take Over The World, Borealis Dancing, World War (Reprise)…

Recommandé si vous appréciez : Theon Cross, Ezra Collective, Pharoah Sanders, Irreversible Entanglements, Matana Roberts, Makaya McCraven, Yussef Dayes,…

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#4 – Alexandra Stréliski – Néo-romance

Origine : Canada

Genre : instrumental / Piano romantique / Néo-classique

Sortie : 31 mars

On aime : Les moments de calme où les silences parlent, les subtilités trio de cordes et de l’orgue d’église, les envolées pianotées, le romantisme et la beauté de ces pièces qui réussissent à faire passer de grandes émotions en peu de notes! Alexandra Stréliski souhaitait prendre ses distances avec le mouvement néo-classique auquel elle était associée depuis longtemps, considérant que cela ne reflétait pas exactement son œuvre. L’expression individuelle en dépit des contraintes de la tradition, une idée prisée par les romantiques, l’a inspirée à suivre son instinct et à s’efforcer de capturer et transmettre des émotions à travers son art. « Je suis vraiment une romantique, dans le sens où j’exprime mon monde intérieur afin de mieux comprendre le monde qui m’entoure », confie-t-elle. L’album a été composé en majeure partie à Rotterdam, aux Pays-Bas, où elle s’est établie avec sa partenaire. Il a également été enregistré en Europe, avec de nouveaux collaborateurs et de nouvelles collaboratrices. La pianiste en a profité pour en apprendre davantage sur ses racines européennes, elle qui a un père français et une famille aux origines juives polonaises. Elle a même découvert des compositions de ses ancêtres datant de l’ère romantique dans une bibliothèque parisienne. Il est impossible de passer sous silence le succès retentissant du troisième album de Stréliski depuis son lancement en mars 2023. Néo-Romance s’est retrouvé sur la longue liste du Prix de musique Polaris, et parmi les albums les plus nommés au Gala de l’ADISQ. En novembre dernier, elle a dévoilé deux nouvelles pièces Prelude in Lodz ainsi qu’Umbra, une pièce de près de cinq minutes qui clôture son concert. Ces compositions sont ajoutées aux pièces de l’album Néo-Romance, formant ainsi une version deluxe de l’opus, disponible sur toutes les plateformes d’écoute en continu. Un album parfait au matin ou pour décompresser d’une grosse semaine et une artiste totalement accomplie qui ne fait que s’améliorer avec le temps!

Top titres : Lumières, The hills, Élégie, The Breach, Ad Libre, Dans les bois, Air de famille…

Recommandé si vous appréciez : Ludovico Einaudi, Chopin, Jean-Michel Blais, Yann Tiersen, Sofiane Pamart, Chilly Gonzales, Keith Jarrett, Bill Evans,…

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#5 – Yussef Dayes – Black Classical Music

Origine : Angletterre

Genre : Jazz / Afrobeat

Sortie : 8 septembre

On aime : Le jeu de batterie nerveux et créatif de Yussef Dayes, la dextérité musicale de l’ensemble des musiciens sur le disque, les envolées de saxophone, les motifs d’accords de clavier qui amène une touche expérimentale et l’ambiance de spontanéité et immersive de la plupart des pièces. Black Classical Music est le premier album solo du célèbre batteur britannique Yussef Dayes. À travers 19 titres, il fusionne l’esprit de tout, du funk des années 70, du reggae et des percussions sénégalaises, tout en faisant simultanément un clin d’œil au post-rock, au dub, à l’ambient, au R&B moderne et même une touche de musique classique pour éviter que ce soit qu’un album de jazz traditionnel. À chaque instant, les coups de batterie distinctifs de Yussef et la basse de Rocco Palladino sont les solides ancres du groupe ; aidé par Charlie Stacey/Elijah Fox (claviers/synthés), Venna (saxophone) et toute une série d’artistes honorables dont : Chronixx, Jamilah Barry, Tom Misch, Shabaka Hutchings, Miles James, Sheila Maurice Grey, Nathaniel Cross, Theon Cross et le Chineke! Orchestra, le premier orchestre professionnel en Europe composé de musiciens majoritairement noirs et ethniquement divers. Un album qui témoigne de la nature illimitée des intersections culturelles et artistiques et qui célèbre une myriade de sons et de couleurs à travers la musique. Un disque difficile à catégoriser, mais qui a simplement besoin d’être écouté pour le comprendre et l’apprécier.

Top titres : Black Classical Music, Jukebox, Chasing the Drum, Rust, Tioga Pass…

Recommandé si vous appréciez : Kamaal Williams, Alfa Mist, Jaimie Branch, Robert Glasper, Resavoir…