Les meilleurs albums de 2021 – Hip-Hop anglophone

François Valenti 29 décembre 2021 Actualités, Décomptes

Top 20 Hip-Hop anglophone

On vous présente aujourd’hui la suite de la catégorie Hip-Hop, mais cette fois-ci avec la portion anglophone. Une belle diversité et beaucoup d’albums de qualité dans cette catégorie cette année avec d’excellents disques de Little Simz, Tyler The Creator, Nas, Ghetts, Madlib, Dave, Aesop Rock x Blockhead, Boldy James & The Alchemist, Skyzoo, Cartel Madras, Brockhampton, Cadence Weapon, Mykki Blanco, Lil Nas X, Fire In Little Africa, L’Orange & Namir Blade et plus!

Année après année, le hip-hop continue de croître en variété et en ampleur de contenu et de styles. Aujourd’hui nous saluons ces artistes et producteurs qui ont continué à repousser leurs limites à la recherche de sons étranges et de rythmes inventifs qui captiveront les esprits!

Voici notre Top 20 Hip-Hop anglophone et demain, on termine la portion des albums de l’année avec la Musique électronique (downtempo, electro, techno…) :

#1 – Little Simz – Sometimes I Might Be Introvert

Origine : Angletterre

Genre : Hip-Hop / R&B / Néo-soul

Sortie : 3 septembre

Little Simz – Sometimes I Might Be Introvert

On aime : Sa voix et son débit impressionnant, les arrangements orchestraux entraînants, son lyrisme et la grande variété des chansons qui sont tous très différentes les unes des autres et tous très intéressantes. Mélangeant les pièces grandioses et les productions plus douces et atmosphériques, la jeune britannique Little Simz nous propose un album encore une fois totalement cohérent et impressionnant voire presque parfait. Un album généreux et étoffé qui s’étend sur un peu plus d’une heure (bien loin de ces EP que certains artistes ont peine à livrer depuis quelques années), sans remplissage qui réussit habilement à nous transporter dans différents états d’âme dans un flux constant entre l’obscurité et la lumière. Dans Sometimes I Might Be Introvert Little Simz livre de façon exceptionnelle des textes où l’introspection et la vulnérabilité sont au premier plan, montrant qu’aucun sujet n’est trop difficile à maîtriser pour elle en tant qu’auteure-compositrice. Simz est habile à plonger l’auditeur dans son monde et parvient sans effort à captiver du début à la fin avec son débit fascinant et son lyrisme personnel, traitant de sujets tels que la race, la féminité, l’estime de soi et la famille. Des paroles qui marquent, mais aussi des pièces très accrocheuses qui accompagnent à merveilles des rimes livrées avec la facilité apparente sur une trame de fond richement orchestrée et parsemée d’influence de grime (Rollin Stone), de « R&B des années 80 (Protect My Energy) et d’Afrobeat (Point and Kill, Fear No Man). Même les interludes sont efficaces et ajoutent de la valeur à l’album, ce qui est plutôt inhabituel. Un album phénoménal, un chef-d’œuvre hip-hop qui traversa le temps, les modes et qui devrait plaire à presque tout le monde. Un des rares 10/10 de 2021, bravo Little Simz!

Top titres : Introvert, Speed, I Love You I Hate You, Woman, Little Q, Pt. 2, Standing Ovation, I See You…

Recommandé si vous appréciez : Azealia Banks, Lauryn Hill, Sampa the Great, Loyle Carner, Injury Reserve, Isaiah Rashad, Vince Staples…

#2 – Tyler, The Creator – Call Me If You Get Lost

Origine : États-Unis

Genre : Hip-Hop / Néo-soul / R&B

Sortie : 25 juin

Tyler, The Creator – Call Me If You Get Lost

On aime : La production impeccable, les sons abrasifs combinés avec les sons néo-soul synth-funk, les textes, les pensées introspectives, la narration de Tyler et son art pur de la rime. Pour ce septième disque, Tyler, The Creator a engagé DJ Drama comme hôte de l’album comme une ode à l’ère du mixtape, une époque où la série « Gangsta Grillz » était très convoitée et un certain rite de passage pour une certaine génération de rappeurs. Réalisée de manière impressionnante par Tyler seul (à l’exception de » Juggernaut « , qui a été coproduit avec Pharrell), la production globale sur cette nouvelle offrande est moins grandiose et plus discrète que sur ses derniers projets, mais c’est peut-être ici un de ses grandes qualités. « Call Me If You Get Lost » est plus fort et plus direct que IGOR, mais aborde toujours des thèmes intrinsèquement personnels, de la « cancel culture » aux réflexions de Tyler sur la manière d’aborder le mouvement Black Lives Matter. Même si chaque piste avec DJ Drama aurait été nettement meilleure sans lui, Call Me If You Get Lost parvient à être distinctement de son temps et d’un autre du même coup. Un retour sonore aux premières œuvres de l’artiste, mais cette fois, avec une maturité et une cohésion développées au fil des années d’expérience.

Top titres : WusYaName, Wilshire, Juggernaut, Corso, Lemonhead, Massa…

Recommandé si vous appréciez : Kendrick Lamar, Danny Brown, Earl Sweatshirt, Denzel Curry, Mac Miller…

#3 – Nas – King’s Disease II

Origine : États-Unis

Genre : Hip-Hop / East Coast Rap / Funk

Sortie : 6 août

On aime : Les paysages sonores cinématographiques, les échantillons de soul, les breakbeats un peu sales, le flow typique de Nas et ses prouesses lyriques qui ajoutent toujours une dimension supplémentaire à ses pièces. Sur King’s Disease II, la suite du prédécesseur lauréat d’un Grammy Award en 2020, le rappeur new-yorkais renoue avec le producteur Hit-Boy qui se distingue par ses paysages sonores raffinés teintés d’échantillons de boom-bap, de trap et quelques éléments qui plairont aux nostalgiques du rap de la fin des années 1980. Une chime parfaite entre ces deux artistes qui se remarque quand on constate l’apport de Hit-Boy qui fait évoluer le son du légendaire rappeur vers une production plus contemporaine sans que Nas ne soit déséquilibré dans son style. Même ceux qui ne se soucient pas vraiment de tout ce que Hit-Boy a fait sur cet album en termes de production devront admettre que les mélanges modernes sont faits avec bon goût et que Nas s’accorde bien avec eux. King’s Disease II ressemble au début d’un nouveau chapitre pour Nasir Jones – et peut-être la fin d’une ère de sa carrière qui a commencé dans les années 90. Un album beaucoup plus concis, concentré et confiant que son prédécesseur et une de ces rares suites qui ne déçoit pas.

Top titres : Epmd 2, Nobody, Store Run, Rare, Death Row East, No Phony Love, Composure…

Recommandé si vous appréciez : Jay-Z, AZ, Mobb Deep, 2Pac, Raekwon, Common…

#4 – Ghetts – Conflict Of Interest

Origine : Angletterre

Genre : Hip-hop / Rap britannique / Grime

Sortie : 19 février

On aime : Les rythmes obsédants, les arrangements de vraies cordes et cuivres, les nuages de basse inquiétants, les puissantes paroles de Ghetts et les sonorités hip-hop/grime minimalistes et sobres de l’album. Sur Conflict Of Interest, Ghetts met à nu sa propre histoire avec une franchise désarmante livrée avec une narration émouvante et des rimes multi-syllabes denses accompagnées d’une approche orchestrale et originale. L’album contient 16 titres, tous magistralement produits et séquencés de manière experte, avec juste la bonne quantité d’instrumentation et de collaborations. Optant pour des productions typiquement épurées, le rappeur démontre une cohésion comme jamais auparavant, accompagné de quelques proches collaborateurs dont TenBillion Dreams, Stormzy, Dave, Skepta, Giggs la chanteuse sud-africaine Moonchild Sanelly et même le rouquin Ed Sheeran. Un album qui se retrouve en tête du classement metacritic de l’année et probablement dans plusieurs des revues de l’année 2021 et on ne fait pas exception.

Top titres : Fine Wine, Mozambique, Hop Out, Skengman, No Mercy…

Recommandé si vous appréciez : Giggs, Kano, Stormzy, Skepta, slowthai…

#5 – Madlib – Sound Ancestors

Origine : États-Unis

Genre : Hip Hop / Hip-Hop instrumental

Sortie : 29 janvier

On aime : Les pièces abstraites et ludiques aux sonorités vintages, les beats hip-hop hypnotiques, les lignes de guitares mélancoliques, les intermèdes de jazz qui se mélangent aux vieux samples dans un disque qui séduit par sa diversité et sa palette sonore. L’excellent Otis Jackson Jr, alias Madlib et Kieran Hebdan, alias Four Tet nous proposent une œuvre dont les pièces ont été assemblés au cours de plusieurs années, alors que le producteur visionnaire envoyait des centaines de rythmes inachevés en studio à son ami de longue date qui les a édités et arrangés dans un album s’inspirant tout aussi confortablement du hip-hop, du soul/R&B, du post-punk et du psych-rock que du free-jazz, de la musique africaine et du jazz brésilien. Il est facile d’imaginer que Sound Ancestors a été créé avec beaucoup d’émotions et de nostalgie suite au départ de leur collègue MF DOOM décédé à la fin de l’année 2020. Une proposition presque cinématographique, alors que plusieurs morceaux dévoilent des rythmes de batteries complexes et entraînants et des choix d’échantillons ambitieux et façonnés en des grooves mystiques et époustouflantes. Une excellente trame sonore pour les journées de télé-travail!

Top titres : The Call, Road of the Lonely Ones, Hopprock, The New Normal, Chino….

Recommandé si vous appréciez : L’Orange, Wax Tailor, The Avalanches, DJ Shadow, Kid Koala, The Alchemist, Dan the Automator, Gorillaz, Prefuse 73…