Avec pas d’casque – Stéréo-Séquence – Épisode 49

Avec pas d’casque en prestation dans le local d’artiste visuels le Bloc5 de Limoilou.

 

Samedi, 9h. Le sommeil tente de me faire rester au lit. J’ai faim d’une matinée bien grasse, au chaud sous les couvertures avec mon homme. Mais quand je me rappelle pourquoi la paresse n’est pas de mise aujourd’hui, je me dis qu’il y a des réveils pires que ça dans la vie.

Parce qu’en ce matin ensoleillé, je vais avoir la chance d’entendre (et de voir) un de mes bands préférés interpréter une nouvelle toune.

Les garçons me donnent rendez-vous à la Coop Le Bloc5, à Limoilou. Coopérative d’artistes en arts visuels, Le Bloc5 est avant tout un lieu de travail. Et ça se voit. Le local croule sous le matériel (et les matériaux) : bois, pots de peinture, maquettes, sculptures grandeur nature autant que miniatures… Un vrai capharnaüm. Mais c’est ultra sympa. Et je suis bien accueillie par Jean-Robert Drouillard, un artisan épatant qui assez de talent pour transformer un morceau d’arbre en œuvre d’art.

Donc, c’est bordélique mais sympathique, et malgré la basse température qui règne dans le local, l’ambiance est chaleureuse. Je tente tout de même de me réchauffer avec un thé, pendant que les membres de la formation qui a rempli le Cercle à sa pleine capacité la veille se font juste un petit peu attendre, en train de déjeuner quelque part en ville. Les garçons, eux, tentent de s’en remettre, du show de la veille (#tropbudebières).

C’est drôle, tout le monde semble avoir trop fêté hier. Espérons que les musiciens d’Avec pas d’casque seront en forme…

Il s’avère qu’ils ont l’air plus guilleret que nous. L’habitude, j’imagine.

Ils font leur entrée, et je dois avouer que je suis un peu gênée. Il y a toujours ce moment flou entre l’arrivée des artistes et la rencontre, qui se fait au gré des notes qui s’égrènent devant la caméra. Mais j’imagine qu’ils doivent ressentir pas mal plus de timidité que moi, qui n’ai qu’à m’imprégner de l’expérience et à le décrire en mots, sans public pour me dévorer des yeux.

Les instruments et leurs maîtres s’installent. Je retiens un fou rire en voyant celui qui tintera de ses bâtons l’imposant vibraphone : il se délecte d’un Ring Pop… Vous savez, cette fameuse bague-bonbon en forme de diamant que l’on portait au doigt quand on était petit? Il le garde à son auriculaire, même pendant qu’il joue! Des souvenirs d’étés passés au terrain de baseball, à dépenser mon p’tit change au «batstop», jaillissent de ma mémoire. Ça me rend un brin nostalgique.

Je retiens mon souffle. La musique remplace le silence qui s’était installé.

Le voyage commence.

La prestation est divinement envoûtante et m’emporte vers un champ étoilé, loin, là où le ciel orangé de la ville n’existe pas, où le chant des grillons nous berce. Ou encore mieux, celle de Stéphane Lafleur, enveloppante et belle, sa langue récitant des mots simples mais magnifiques, chargés de sens. C’est magique. Le lap steel ajoute à la mélancolie de Walkie-talkie, tandis que le baryton lui apporte un côté plus sombre, le tout parsemé de quelques notes de vibraphone et de battements de cœur.

Je sens qu’elle va réchauffer mon hiver, et je sais qu’elle jouera en boucle l’été prochain, dans le coin de Tadoussac, ou encore sur la route vers la Gaspésie…

En attendant, je fais un arrêt au dépanneur. Et hop, un Ring Pop.

– Julie Bouchard